Demain, j'arrête
Gilles Legardinier, Fleuve noir, 2011
Passer devant une librairie sans en pousser la porte et en ressortir sans avoir acheté au moins un livre = impossible surtout quand comme moi, on n'a pas si souvent l'occasion de musarder dans un centre-ville français. Mon alibi était cette fois l'envie de lire le dernier livre de Christian Bobin, que je n'avais pas trouvé au salon du livre à Paris. J'en ai fait l'acquisition et, qui plus est, au Creusot, port d'attache de l'auteur. Forcément, j'en ai profité pour faire le tour des rayonnages et suis donc tombée sur “Demain, j'arrête“. Le nom de l'auteur ne me disait rien, la quatrième de couverture indique que ce livre a fait un tabac à sa sortie, mes recherches m'ont conduite à la chronique de Gérard Collard, étonnamment indulgent.
Les premières pages lues sur place m'ont paru sympa, drôles… J'ai acheté. J'ai beaucoup ri dans le premier tiers de l'ouvrage : le personnage principal, Julie, a le don de se mettre dans des situations désopilantes, dont elle ressort indemme cependant ce qui prouve une fois de plus que le ridicule ne tue pas. Le style est très visuel si bien que lorsqu'elle entreprend de raconter les trucs les plus idiots qu'elle a faits dans sa vie, on a sincèrement l'impression d'être au cinéma. “Filles, mode d'emploi“, c'est ainsi que Collard résume et recommande ce roman.
Julie vient de se faire larguer, elle est mal dans sa peau, dans sa vie et même les soirées avec ses copines à la vie sentimentale aussi aventureuse et compliquée que la sienne ne suffisent plus à lui redonner le moral et confiance en l'avenir. Le déclic, qui fera tout repartir dans un sens qui ne paraît tout d'abord pas le bon, ne met pas longtemps à se produire. Un nouvel habitant dans l'immeuble au nom improbable de Ricardo Patatras – là, franchement, j'ai détourné les yeux de la page pour les lever au ciel ! – suscite la curiosité et l'intérêt de notre héroïne qui, afin de percer le mystère de l'inconnu au physique – j'ai envie de dire évidemment – avantageux, ne va pas hésiter à sortir la grosse artillerie voire à frôler l'illégalité… Cette quête aux allures de traque va lui redonner assez de motivation pour de plus changer de vie : de banquière, elle devient boulangère. Nouvelle vie, nouvel amour en perspective, nouvel état d'esprit et tout cela traversé de rencontres avec des personnages qui semblent sortis tout droit du monde d'Amélie Poulain : Mohammed, l'Arabe du coin, les notables dont la fortune s'est constituée sur des bases pas trop nettes, la bonne copine dévouée qui est de tous les coups foireux… Force est de constater pourtant que l'histoire est sacrément bien ficelée : l'auteur, qui jusque-là n'avait publié que des polars/thrillers, a su tisser une intrigue dont les fils ne se dénouent que dans les toutes dernières pages. Alors, pourquoi la magie de ce livre, qui devrait pouvoir redonner moral et foi en l'être humain, n'a-t-elle pas opéré sur moi ? Mystère ! J'ai ri, j'ai eu envie de poursuivre et pourtant au bout d'un moment, j'ai vu l'exaspération succéder à l'intérêt. Cela étant, je me sens injuste envers les bonnes intentions manifestes de l'auteur. Alors, lisez et dites-moi ce qui a fait de “Demain, j'arrête“ un bestseller dont je n'avais jamais entendu parler !