Sempiternelles bonnes résolutions…
Héritée de Babylone1, reprise par les Romains2, la tradition des bonnes résolutions n’est devenue celle que nous connaissons aujourd’hui qu’une fois revisitée par le christianisme. Depuis, nous pre–nons rituellement en début d’année – ne serait-ce qu’in petto – l’engagement solennel d’arrêter de fumer, de boire, de manger n’importe quoi à n’im–porte quelle heure, de ne vivre que pour notre travail ou encore de ne plus considérer que le sport, c’est pour les autres. Or, comme chacun sait, la principale caractéristique dudit engage–ment est de porter en germe son propre échec ou pour citer Oscar Wilde, « les bonnes résolutions sont des chèques tirés sur une banque où on n’a pas de compte courant ».
Qui ne s’est jamais demandé pourquoi il en allait ainsi ?! Philosophes, psys et coachs en tous gen–res se sont évidemment penchés sur la question et sont tous peu ou prou tombés d’accord pour dire que les bonnes résolutions n’étant jamais l’expression d’un désir réellement propre à la personne qui les prend, mais résultant bien plutôt de la pression exercée conjointement sur celle-ci par la mode, la publicité, les médias, les réseaux sociaux, les soi-disant ami(e)s qui nous veulent soi-disant du bien… elles ne peuvent tout simplement pas être tenues. Tout se passe en fait comme si en les prenant – devant témoins ou non d’ailleurs – on avait déjà accompli un tel effort que l’on n’avait plus l’énergie d’aller plus loin. Le pire étant que l’on se sent toujours vaguement coupable d’en rester là. Encore un coup du bon vieux surmoi, forcément.
Dans ces conditions, un bon conseil : soit vous ne prenez plus de bonnes résolutions et « met–tez [ce faisant] votre surmoi au rancart »3, soit vous élevez vos désirs profonds au rang de bonnes résolutions !
A l’année prochaine… ;-)))
1 où l’usage voulait qu’en tout début d’année, on restituât à son propriétaire le matériel agricole qu’on lui avait emprunté et qu’on remboursât ses dettes.
2 qui en janvier, mois de Janus (le dieu aux deux visages : l’un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir), "se repentaient" – on me pardonnera cet anachronisme, le repentir étant si je ne m’abuse une "invention" chrétienne – auprès de ce dernier de leurs mauvaises actions de l’année passée et lui promettaient de mieux se comporter au cours de celle qui commençait.
3 dixit le psychanalyste hongrois Sándor Ferenczi.