40e anniversaire de la disparition de Max-Pol Fouchet

Spectacle MPFouchet VézelayVézelay, sa colline inspirée, sa basilique Sainte-Marie-Madeleine et son petit cimetière où reposent Georges Bataille, Maurice Clavel, Jules Roy et Max-Pol Fouchet. Le village bourguignon célèbre cette année les 40 ans de la disparition de ce dernier. Je serai d’ailleurs le 14 juillet sur la terrasse du château pour entendre à nouveau résonner les mots de celui dont l’épitaphe rappelle qu’« il aima la liberté ».

Je lui avais rendu hommage à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance dans un article paru dans la revue Ecoute de décembre 2013.


Itinéraire d’un passeur de culture : Max-Pol Fouchet (1913-1980)

Le mot éclectisme semble avoir été créé pour lui. Max-Pol Fouchet, qui aurait eu 100 ans cette année, ne fut-il pas à la fois poète, journaliste, ethnologue, historien de l’art, auteur de romans et d’essais, homme de radio et de télévision ? Portrait de l’un des acteurs de la mutation culturelle de la France dans la seconde moitié du XXe siècle.

Au nom du père et de la liberté

La vie de ce fils d’armateur, né le 1er mai 1913 dans le port normand de Saint-Vaast-La Hougue, est d’emblée peu banale. Elle commence en effet par un « baptême » au… calvados sur le Liberté, l’un des bateaux de son père. La Première Guerre mondiale ruinera non seulement les finances, mais aussi la santé de ce dernier. Un changement de climat s’imposant, les Fouchet s’installent en Algérie en 1923. Le chef de famille s’y éteint en 1929 non sans avoir fait promettre à son fils « de lutter contre ceux qui mènent les peuples à la mort ». Peu après, le socialisme lui paraissant le moyen de tenir la parole donnée à son père, le jeune homme fonde les Jeunesses socialistes d’Algérie.

Au lycée, ses lectures (Dostoïevski, Stendhal, Joyce…) le rapprochent d’un certain Albert Camus. Inséparables, ils pousseront l’amitié jusqu’à souffrir en même temps de la tuberculose. Après un séjour en sanatorium puis le bac, ils s’inscrivent en fac de lettres. En 1933, Max-Pol rompt avec sa famille et doit travailler pour financer ses études ; il découvre ce faisant ce qu’est la condition ouvrière. Il sera même mousse sur un cargo, mais à son retour à terre, sa fiancée l’a quitté pour… Camus. Le sort s’acharne sur lui : un nouveau séjour en sanatorium est nécessaire. Il en revient guéri cette fois.

La résistance intellectuelle : Fontaine

À 22 ans, Max-Pol Fouchet a la vie devant lui et quelle vie ! Ses études terminées, il obtient un poste au musée des Beaux-Arts d’Alger. Puis c’est la rencontre, durant les manifestations qui suivent l’arrivée au pouvoir en 1936 du Front populaire, avec sa première femme ; la parution d’un premier recueil de poèmes ; le départ du Parti socialiste opposé à une intervention dans la guerre d’Espagne. Après un séjour archéologique en Grèce, un deuxième recueil de poèmes, une promotion au musée, il devient directeur d’une revue de poésie qu’il intitule Fontaine. Il y rappelle en 1940, suite à la débâcle française, que la France n’est vaincue que militairement et exhorte les intellectuels à résister. Les plus grands poètes de l’époque le rejoignent : Aragon, Saint-John Perse, Char, Supervielle… et Paul Éluard bien sûr dont il publie dans Fontaine en 1942 le célèbre poème Liberté. Mais la poésie n’est pas la seule arme de Fouchet. À la mort de sa femme, il s’engage de plus en plus dans la Résistance, part pour Londres où il sera l’un de ces « Français qui parlent aux Français ». Après la guerre, il gère Fontaine depuis Paris, où il vit désormais. Connaissant des difficultés financières malgré son succès, la revue disparaît en 1948.

Invitation au savoir

Fouchet Harcourt 1948Conférencier aux États-Unis, archéologue et ethnologue au Mexique, en Inde, Afrique… À partir de 1949, Max-Pol Fouchet parcourt le monde. « L’homme, l’être de l’homme » est le leitmotiv de ses voyages comme de sa vie, de sa poésie comme de ses nombreux livres (Les Peuples nus, Terres indiennes…). Ceux-ci sont également habités du désir de transmettre ce qu’il a « engrangé », désir qu’il réalisera grâce à la démocratisation de la télévision. L’aventure débute en 1953 avec la coprésentation de Lectures pour tous. Toute première émission littéraire française, elle sera suivie de bien d’autres – littéraires, mais aussi artistiques ou musicales. De plus en plus populaire, le désormais homme de télévision (et de radio) reste fidèle à ses convictions. Ainsi, il n’hésite pas, en pleine Guerre d’Algérie, à condamner la torture ou, en mai 1968, à prendre le parti des étudiants. Une liberté de ton qui ne plaît guère au général de Gaulle et vaudra quelques ennuis à l’« individu qui s’appelle Max-Pol Fouchet ».

Ultime escale

Village de VézelayDéçu par l’abandon du direct notamment, Max-Pol Fouchet s’éloigne peu à peu de la télévision. En 1958, il avait acheté une maison à Vézelay (Bourgogne). Il s’y retire avec sa seconde femme et leur fille Marianne – née en 1960 et aujourd’hui gardienne de la mémoire de son père. Le poète se tourne vers la fiction (La Rencontre de Santa Cruz, Histoires pour dire autre chose…) et se révèle un excellent conteur. Depuis 1980, il repose dans le cimetière de Vézelay, non loin de la basilique Sainte-Marie-Madeleine, chef-d’œuvre de l’art roman, et « réserve à ceux qui viendront sur [s]a tombe la joie d’un admirable, d’un incomparable paysage ».

Marie-Odile Buchschmid
Birkenweg 14
82291 Mammendorf

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