Quand le confinement ne change pas grand-chose…

coronavirus 4941836 1280D’un naturel très casanier et pratiquant depuis près de 30 ans le télétravail, je mentirais en affirmant que le confinement a complètement bouleversé mon quotidien et que je souffre de ne plus guère m’éloigner de mon village de l’ouest munichois. Pour la bonne raison que comme l’écrivaine Lydie Salvayre1, j’y demeure d’autant plus volontiers qu’il « contient le monde, puisque s’y produit tout ce qui fait le monde : la douleur de vivre, les grands débats, l’arrogance des riches et le mépris des pauvres, la soumission des uns et l’insoumission des autres, la bien-pensance de presque tous démentie chaque jour par leurs actes, le désir d’une vie digne de ce nom, les médisances, les joies… Puisque j’y croise des amers, des contents, des colériques, des rebelles, des racistes, des égarés, des cœurs brisés, bref, tous les hommes. »2

Ainsi, pas plus tard qu’hier…

Je fais un saut au supermarché le plus proche pour acheter la rhubarbe nécessaire à la préparation d’une tarte pour le goûter entre copines de cet après-midi – en temps normal, l’une d’entre nous aurait fait une tarte que nous nous serions partagée. En période de confinement, chacune d’entre nous fait une tarte car, si nous nous retrouvons virtuellement, nous tenons à ce que notre part de tarte soit, elle, bien réelle.

distance 5003595 1280Mais revenons au supermarché où je remarque la présence, nouvelle, de deux vigiles totalement désœuvrés puisque seuls quelques rares clients, masqués pour la plupart, déambulent dans les rayons. Je prends ma rhubarbe et gagne la seule caisse ouverte. La file d’attente paraît longue mais en ce moment, les apparences sont plus que jamais trompeuses et, largement espacés l’un de l’autre, trois clients seulement me précèdent. C’est donc très vite à moi.

Le jeune caissier s’empare de ma rhubarbe, la dépose sur la balance d’un geste et d’un regard… hésitants et au moment de taper le prix, tourne vers moi son regard toujours aussi hésitant et me demande : « C’est bien du céleri ? ». Je ravale à grand-peine la réponse ironique qui m’a de suite traversé l’esprit – du genre : « Vous me voyez présenter à mes copines une tarte meringuée au céleri ? Même avec du céleri en branches, ça ne le ferait pas, jeune homme ! » – et lui répond aussi magnanimement que j’en suis capable : « Non, c’est de la rhubarbe. », lui permettant à lui de ne pas perdre la face et, à mon surmoi, de se remettre en veille.

Regagnant mon logis, je me dis que ce jeune homme aura au moins appris quelque chose, lui qui n’a peut-être jamais vu dans son assiette que du poisson oblong recouvert de chapelure et a peut-être même cru un temps que le lait servant à faire le chocolat de ses goûters d’enfant était donné par des vaches violettes. Et cela, en ayant grandi non-confiné…

1 Prix Goncourt 2014 pour Pas pleurer, éd. du Seuil

2 Bref éloge du confinement, Lydie Salvayre, Le Monde, 10 avril 2020

Marie-Odile Buchschmid
Birkenweg 14
82291 Mammendorf

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