De l’huile sur le feu
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« La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer. »
Cette phrase prononcée par l’écrivain et aventurier Sylvain Tesson le 12 mai dernier sur l’antenne de France Inter m’a traversé l’esprit lors de ma leçon d’allemand de ce matin. Je surnomme ainsi le temps que je consacre chaque jour à la lecture du Süddeutsche Zeitung (SZ pour les intimes), le grand quotidien allemand de centre-gauche auquel je suis abonnée.
Je lisais en l’occurrence un article intitulé »Willkommen im Jammertal« (= Bienvenue dans la Vallée de larmes) sur la dernière trouvaille des coachs en développement personnel version vie professionnelle : doter les autoentrepreneurs, indépendants et autres free-lances d’une compétence dont la majorité d’entre eux n’avaient jusqu’alors pas conscience qu’elle leur manquât. Je vous le donne en mille : leur apprendre à se lamenter, pester, gémir, geindre, se récrier sur leur sort et tous les grains de sable venant constamment gripper des engrenages qui, sans leur survenue intempestive, marcheraient comme sur des roulettes !
Apprendre à râler, une idée qui à gauche du Rhin serait vouée à l’échec le plus cuisant, la rouspétance étant tout bonnement congénitale chez les ressortissants de l’Hexagone. Un trait de caractère dont les Allemands découvrent donc qu’ils sont dépourvus et qu’ils ne vont vraisemblablement pas tarder à nous envier à l’instar d’une autre aptitude non moins innée chez "nous", paraît-il : le flirt. Mais là encore, les cours, ateliers, séminaires… – si, si, si ! – sont légion…
