Sacro-sainte laïcité…

Un bon conseil avant d’enchaîner les rituels gueuletons de fin d’année. Au moment de vanter l’exceptionnelle qualité des vins accompagnant les mets successifs, mieux vaut éviter cette année de s’exclamer : « Le P’tit Jésus en culotte de velours ! »… sous peine de voir s’inviter à la soirée un débat sur la laïcité. La « faute » – sua culpa, sua maxima culpa ! – en revient au tribunal administratif de Nantes qui, saisi par la Fédération de la libre pensée de Vendée, a rappelé à l’ordre le Conseil général du département qui, en installant une crèche dans ses locaux, a contrevenu à la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Ce jugement m’a troublée… moins par le brandissement en guise d’étendard d’une des valeurs fondamentales de la République que par le fait qu’il intervienne seulement en 2014. Car enfin la loi sur la séparation de l’église et de l’Etat remonte à 1905 ! Cela signifie que depuis cette date, une crèche n’a rien à faire ni dans un hôtel de ville ni dans un Conseil général. Pourquoi faut-il attendre plus de cent ans pour qu’un tribunal condamne une pratique a priori tolérée durant des décennies ?

 

Qu’on ne s’y trompe pas, je suis une laïque convaincue, mais j’ai une conception positive, généreuse de la laïcité que j’interprète – mais peut-être que je n’y ai rien compris finalement – et vis comme la garantie d’un vivre ensemble harmonieux et respectueux des particularités de chacun. Or, il me semble que la laïcité, dont on parle ces temps-ci, a changé de visage et qu’on la traite moins comme une fin que comme un moyen. Je m’explique : on a tendance à reléguer aux oubliettes le vivre ensemble harmonieux et respectueux des particularités individuelles, dont je parlais plus haut, au profit d’un vivre ensemble reposant sur la négation desdites particularités. Et là, je m’interroge… La laïcité serait-elle en passe de devenir un instrument d’exclusion ?

Ce qui me surprend, c’est que les partisans de l’application stricto sensu de la loi de 1905 en restent à la crèche et ne demandent pas la suppression du calendrier des jours fériés liés à un événement religieux. Une personne à qui l’on posait cette question sur RTL cette semaine s’est justifiée en disant que les jours fériés religieux étaient devenus une tradition. Non à la crèche dans les bâtiments du Conseil général donc, mais oui à Pâques, à la Pentecôte et à l’Assomption. Cette argumentation me satisfait d’autant moins que je suis persuadée que les catholiques pratiquants mis à part, la plupart des Français ne sont pas attachés à la crèche pour sa dimension religieuse, mais parce qu’elle appartient tout comme le sapin à l’inconscient collectif. Avoir une crèche, c’est renouer avec les Noëls de son enfance, c’est s’offrir un voyage en nostalgie.

Il fallait évidemment s’attendre à ce que l’initiative de la Fédération de la libre pensée de Vendée fasse des émules. Ce fut le cas à Béziers par exemple. Ce qui fait désordre c’est que dans le cas de la crèche installée par Robert Ménard, maire de la ville apparenté au Front national, en son hôtel de ville, le tribunal n’a pas rendu le même jugement ! Non seulement Monsieur le Maire n’est pas contraint de retirer sa crèche, mais le Front national risque après ça de se poser en gardien des traditions.

Résultat des courses : la laïcité que l’on voulait défendre sort plutôt mal en point de cette histoire. A se demander si trop de laïcité ne tuerait pas la laïcité !

Marie-Odile Buchschmid
Birkenweg 14
82291 Mammendorf

marie-odile.buchschmid@t-online.de
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