Ambassadrice de France… malgré moi
MO se mêle de politique
Invitée hier chez une amie, j'ai passé une excellente soirée au cours de laquelle fut abordée entre autres sujets, la situation politico-économique de la France. Hormis votre serviteure, les personnes attablées étaient toutes de nationalité allemande. Question à un centime d'euro comme dirait l'une de mes collègues : pensez-vous que la situation politico-économique de l'Allemagne pourrait être l'un des sujets de conversation de Français en train de tailler une bavette au propre comme au figuré ? !
Expatriée, je suis de facto une ambassadrice, inofficielle mais non moins réelle, de mon pays. Et ce n'est pas là une nouvelle manifestation de mon ego surdimensionné. C'est un fait ! Autant dire que le poids de cette “fonction“ s'est fait particulièrement lourd durant la période 2007-2012.
Depuis mai 2012, je l'avoue, ce n'est pas forcément plus simple. Quelquefois, j'ai droit à des injonctions insistantes du style “Quand Hollande va-t-il enfin réagir ?“ ou bien “Il faut que Hollande fasse quelque chose !“. J'essaie alors d'expliquer qu'il fait des choses, mais que l'on ne peut pas procéder en France comme en Allemagne. Ses dirigeants peuvent se permettre de prendre cette dernière à la hussarde, ceux de l'Hexagone ne le peuvent pas sous peine de voir tout le monde se lever comme un seul homme et descendre dans la rue. La retraite à 60 ans par exemple paraît pure folie de ce côté-ci du Rhin où les gens de ma génération (classe 1964) devront trimer jusqu'à 67 ans…
Autant dire que l'affaire dite Cahuzac ne fait vraiment pas la mienne d'affaire ! Les correspondants de la presse allemande en France ont de quoi s'occuper ces derniers temps entre notre ancien président, qui se retrouve mis en examen pour avoir moins abusé de la faiblesse d'une vieille dame que de son porte-monnaie, et notre ancien ministre du budget qui mettait en œuvre sans vergogne le principe du “Faites ce que je dis, mais surtout pas ce que je fais !“. Cela me donne une envie irrépressible d'exhorter mes compatriotes à la manière de Stephane Hessel : “Indignez-vous !“, “Réagissez !“ que sais-je encore. Que l'on ne se méprenne pas : je ne me joins pas toutefois au concert d'indignation de l'opposition qui crie d'autant plus fort au scandale que cela lui permet de détourner l'attention de sa propre impéritie !
J'ai regardé cette semaine sur TV5 un documentaire consacré à Louis XVI, au “vrai“ Louis XVI non au balourd maladroit au point de ne pas avoir su garder sa tête sur ses épaules. J'adore l'histoire et je me disais, en découvrant avec étonnement – l'enseignement de l'histoire dans les écoles de la République ne serait-il en définitive que la présentation d'un album d'images d'Epinal ? – que celui qui ne souhaitait pas être roi (sous-titre du documentaire) voulait par exemple élargir l'assiette de l'impôt en le faisant payer par tous, mais se heurtait à l'opposition féroce de la noblesse et du clergé, qu'une loi d'aujourd'hui, qui ne peut être adoptée sans avoir été approuvée – après moult modifications qui parfois la vident totalement de sa substance – par l'Assemblée nationale et le Sénat, n'est guère différente en définitive de toutes ces réformes envisagées par Louis XVI et que les Parlements, qui lui devaient d'exister à nouveau, se refusaient à enregistrer. Attention, je ne suis pas en train de me livrer à l'apologie du despotisme !
On dit que l'Histoire a tendance à repasser souvent les plats ; devant ma télé, je constatais qu'en France, elle semblait en réalité servir toujours le même plat. Les ors de la République sont les mêmes que ceux de la monarchie et le président et son gouvernement à l'instar du Louis XVI dudit documentaire ont souvent les mains liées par l'obligation de présenter des textes de telle manière qu'ils puissent être adoptés par leur majorité et celle de ne surtout pas réveiller les instincts frondeurs de la population, ces deux obligations réduisant comme peau de chagrin leur marge de manœuvre. Un sentiment d'impuissance m'a envahie…
Les lendemains qui chantent, c'est comme le printemps cette année : on ne les voit guère venir !