Coup de gueule

Je suis une fidèle lectrice du Nouvel Observateur depuis déjà plusieurs années et si le retour régulier des marronniers que sont les articles sur les francs-maçons ou les meilleurs hôpitaux/lycées/investissements immobiliers m'exaspère, je me réabonne cependant sans la moindre hésitation le moment venu. Aujourd'hui, maugréer toute seule dans mon coin ne me suffit pas, j'ai besoin de faire partager mon indignation !
La une du numéro du 21 février – cliquer ici pour la découvrir – m'a choquée.

Je me suis un instant posé la question de savoir si on ne m'avait pas par inadvertance expédié un tabloïd en lieu et place de mon hebdomadaire favori ! Fallait-il vraiment consacrer la couverture à la parution du livre de Marcela Iacub, Belle et bête (Stock) ? Je reste persuadée que non ! Ma première réaction a été : si Jean Daniel dirigeait encore la rédaction, jamais il ne serait allé non pas aussi loin, mais aussi bas ! Une semaine plus tard, le magazine commence par un encart signé Jean Daniel dans lequel ce dernier prend très nettement ses distances avec la décision de la rédaction de l'Obs de faire de l'ouvrage de Iacub un événement. Je suis entièrement d'accord avec lui.
Lorsque Mme Iacub a entamé une liaison – avec quelles arrière-pensées, on peut se le demander maintenant ?! – avec DSK, il n'était plus directeur du FMI, il n'était plus susceptible d'être appelé à exercer les plus hautes responsabilités à la tête de la République. Cette histoire n'aurait jamais dû quitter la sphère privée où elle a vu le jour. DSK est un bien triste sire que je ne défends nullement, mais quelqu'un qui traîne de telles casseroles n'a-t-il pas droit, lorsqu'il n'est plus un homme public et ce, même s'il ne sera jamais plus un homme lamba comme les autres, au respect de sa vie privée. Les pseudo-justifications de Laurent Joffrin quant à la valeur littéraire du livre de Iacub ne m'ont nullement convaincue. Ce n'est pas parce qu'un auteur écrit bien qu'il a le droit de livrer en pâture les turpitudes d'autrui de cette manière. Avoir du style n'excuse pas tout !
Je l'ai lu, ce fameux article et je dois même dire que la thèse de M. Iacub donnerait une explication séduisante au comportement parfaitement irrationnel de DSK dans la suite du Sofitel si le contexte de sa publication n'était ce qu'il est. Or là, elle se permet de disséquer le psychisme de quelqu'un en place publique comme si l'affaire du Sofitel donnait ad vitam aeternam l'autorisation de livrer en pâture la vie privée de DSK. L'acharnement médiatique a ses limites !