Comme une bête
Joy Sorman, Gallimard, 2012
“Comme une bête“ est l'histoire d'un jeune homme qui aime les vaches au point de devenir boucher, nous annonce l'éditeur. Une phrase qui m'a suffi pour cliquer et acheter ce livre. Un comportement qui s'explique par mon enfance : mon père a exercé le métier de boucher pendant 40 ans et jamais je n'avais eu l'occasion jusque ici de voir sa profession mise en lumière. C'est peu de dire que je me suis jetée sur l'ouvrage et l'ai dévoré avec gourmandise, chaque page me faisant l'effet d'une madeleine de Proust. Cette frénésie ne s'explique pas uniquement cette fois par la dépendance pathologique que j'ai à la lecture. J'ai passé ma petite enfance dans le laboratoire de la boucherie où mon père travaillait. Curieux univers pour une gamine haute comme trois pommes et pourtant, je m'y sentais comme un poisson dans l'eau entre les carcasses, les couteaux et les hommes aux tabliers maculés de sang. J'aurais pu contempler mon père des heures durant quand il était en train de jouer du couteau pour désosser un morceau de viande sans trop de pertes. Je trouvais ça beau. J'ai encore l'odeur de la viande dans le nez, le bruit des couteaux qui crissent sur l'os ou que l'on aiguise dans l'oreille. Et j'ai retrouvé tout cela dans “Comme une bête“ de Joy Sorman, dont je tiens à saluer la performance. Tout y est ! Mais ça, Les Inrocks l'ont mieux exprimé que je ne saurais le faire : http://www.lesinrocks.com/2012/09/02/livres/comme-une-bete-joy-sorman-11288696/.