Qui sait si le ridicule ne tue pas en définitive ?
Je ne résiste pas au plaisir de vous faire part d’une anecdote à laquelle un journaliste du Süddeutsche Zeitung a consacré il y a quelques jours un billet humoristique.
La scène se déroule un vendredi soir à 19h30 au cœur de Munich où le mouvement PEGIDA (Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes soit, en français, « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident ») a depuis l’automne dernier pris l’habitude de diffuser un enregistrement d’un appel à la prière à un niveau sonore vraisemblablement jamais atteint dans le monde musulman par aucun muezzin. Pour qui en douterait encore, les organisateurs de cette maltraitance auditive ne sont nullement subventionnés par la corporation des audioprothésistes bavarois, mais souhaitent ce faisant alerter leurs compatriotes de ce qui risque soi-disant de déferler sur notre société si elle reste sourde au message de PEGIDA ou de l’AfD (Alternative für Deutschland soit « Alternative pour l’Allemagne »), son avatar politique.
Or, au mois d’août – vacances scolaires bavaroises obligent – les badauds de Marienplatz sont à une écrasante majorité des… touristes et notamment des personnes originaires des… émirats arabes qui ont coutume, depuis plusieurs années déjà, de prendre leurs quartiers d’été en Bavière à la grande satisfaction d’ailleurs des autochtones propriétaires d’une boutique de luxe située Theatiner- ou Maximilianstraße – équivalents munichois du triangle d’or à Paris.
Le piquant de l’histoire, c’est la réaction des ressortissants desdits pays musulmans confrontés à cette prestation : ils ne tardent guère en effet à brandir, hilares, non une kalachnikov mais leur Smartphone afin d’immortaliser le spectacle ! Certains tentent dans le même temps d’expliquer dans un anglais impeccable aux piètres histrions… qu’ils ont un train de retard pour l’appel à la prière et un d’avance pour la prière du soir. Tentative parfaitement vaine du reste : qui n’a déjà pas l’idée de vérifier ce qu’il avance, ne parle évidemment pas d’autre langue que la sienne, celle que j’évite en l’occurrence de qualifier de langue de Goethe – le pauvre se retournerait dans sa tombe !