230e anniversaire de la prise de la Bastille
N’en déplaise à Georges Brassens, « [l]e jour du 14 Juillet, je [ne] reste [pas] dans mon lit douillet. »1 Contrairement à lui en effet, « [l]a musique qui marche au pas » ne me déplaît pas. Tant et si bien que si je suis chez moi le jour de la Fête nationale française, j’allume, à l’instar d’un très grand nombre de mes compatriotes2, mon téléviseur et vaque à mes occupations au son du clairon. La musique, qui depuis toujours dans toutes les armées du monde a pour fonction de donner du cœur au ventre au moment d’affronter l’ennemi, me donne à moi indéniablement du cœur à l’ouvrage.
Cette année, j’ai accordé plus d’attention à la légion étrangère qu’à l’accoutumée. La raison ? Ma route a croisé l’an passé celle de ce corps d’armée, lors d’un mariage à Schillingsfürst en Moyenne-Franconie4. Franchissant le seuil du château, au premier étage duquel devait avoir lieu la cérémonie, je me suis soudain trouvée face à un légionnaire qui, contrairement à celui de la chanson, « [ne] sentait [pas] le sable chaud »3 puisqu’il ne s’agissait que d’un mannequin revêtu d’un uniforme de la légion étrangère. La rencontre n’en fut pas moins saisissante puisque totalement inattendue pour moi en cet instant et en ces lieux.
La présence de ce légionnaire s’explique par celle d’un petit musée, dont l’une des salles est consacrée à la légion étrangère.
Pour comprendre la raison d’être de ce musée, il faut remonter à la création de la légion en mars 1831 par Louis-Philippe. Cette dernière se compose alors des corps étrangers de l’armée française, au rang desquels les gardes suisses et le régiment Hohenlohe dont le nom est celui de la famille à qui appartient aujourd’hui encore le château de Schillingsfürst. Or, en 1792, le château avait accueilli une partie des troupes contre-révolutionnaires françaises, qui furent ultérieurement intégrées à celles des Hohenlohe5.
Là où cela devient intéressant et où l’on rejoint le point d’orgue de la Fête nationale française, le défilé, c’est que le chapitre allemand de l’histoire de la légion étrangère permet de comprendre pourquoi ses soldats, marchant au rythme de 88 pas par minute et non à celui de 120 pas par minute comme tous les autres, referment la parade militaire commémorant la prise de la Bastille. Ce rythme plus lent était celui du régiment de Hohenlohe !
1 La Mauvaise Réputation (cliquer sur le titre de la chanson pour l’écouter)
2 La part d’audience réalisée par le défilé du 14 juillet 2017, diffusé par TF1 et France 2, était de 32 %.
3 cf. Mon légionnaire d’Edith Piaf (cliquer sur le titre de la chanson pour l’écouter)
4. La Franconie a été rattachée, au grand dam de ses habitants, en 1806, à l’instigation de Napoléon Ier, au royaume de Bavière. Aujourd’hui encore, les Franconiens ne se sentent pas bavarois.
5 Je simplifie à l’extrême. Je renvoie tous ceux qui se passionneraient pour ce chapitre de l’histoire de la légion et maîtrisent l’allemand à la page que lui a consacrée le comité de jumelage de Schillingsfürst avec la commune française de Chambéret.