Soirée roman noir hier soir à la librairie française de Munich
Il est des personnes dont la vie ressemble au journal de bord d’un capitaine au long cours. Sophia Mavroudis, avec qui je me suis entretenue hier à la Librairie française de Munich, est de celles-là. Née à Casablanca, elle a grandi en Grèce, le pays de sa mère, avant de partir faire ses études en France, le pays de son père. Diplômée en relations internationales et en géopolitique, elle a ensuite alterné phases d’enseignement et – on ne se refait pas ! – déplacements professionnels dans les zones de conflit situées aux confins orientaux de l’Europe. On l’aurait également aperçue aux Etats-Unis, à Londres, à Bruxelles… et c’est à Munich que je l’ai rencontrée en novembre dernier.
Ayant momentanément mis sa carrière entre parenthèses pour cause d’expatriation, la Franco-Grecque a très vite compris que cette pause professionnelle était l’occasion rêvée de mener à bien un projet qu’elle portait en elle depuis un certain temps déjà : écrire un livre sur la Grèce, sur « sa » Grèce, ce pays où vit une bonne partie de sa famille, ce pays qu’elle connaît de l’intérieur. Vu son parcours, on aurait raisonnablement pu s’attendre à ce que Sophia rédigeât un ouvrage érudit, un brûlot politique ou à ce qu'elle lançât, pour le moins, un pavé dans la mare d’autosatisfaction ambiante autour du retour en Grèce sur les marchés financiers.
Or, l’ouvrage qu’elle a publié en septembre dernier aux éditions Jigal, n’est pas un essai mais un… roman noir ! L’intrigue (cf. https://youtu.be/STe4JN2vnGM), soutenue par une trame narrative solide, est réellement (et durablement captivante). Le mérite en revient en particulier aux personnages auxquels la parfaite connaissance de l’histoire et de la réalité socio-culturelle grecques de l’auteure confère une indéniable crédibilité.
A commencer bien sûr par le premier d’entre eux, celui auquel le livre doit son titre : le commissaire Stavros Nikopolidis. Doté d’un prénom lourd de sens (stavrós, en grec, signifie "croix"), il est bâti comme une armoire à glace mais ses larges épaules plient sous le poids du passé familial, aussi douloureux que l’histoire contemporaine de la Grèce. Ce colosse aux pieds d’argile, dont les silences sont presque plus redoutables que les accès de démesure, mène ses enquêtes à la hussarde et donne bien du fil à retordre à ses collègues et à sa hiérachie. Mais qu’il s’agisse de Dora, digne héritière des Amazones, d’Eugène, véritable haruspice de l’ère numérique, ou encore de l’inspecteur Livanos, aussi apollinien que Stavros est dionysiaque, tous sont à la hauteur et ont comme ce dernier l’étoffe des personnages récurrents qu’ils sont en passe de devenir : Sophia Mavroudis est en effet en train de mettre la dernière main au deuxième opus des enquêtes à Athènes du commissaire Stavros Nikopolidis.
Un grand merci à Cecilia Estrada de la Librairie française pour son accueil (et les photos), ainsi qu’à toutes les personnes venues faire la connaissance de la dernière recrue des excellentes édtions Jigal (http://polar.jigal.com/) !