Syrie, « l’épicentre de la folie de l’homme »

Le titre de cette chronique m’a été inspiré par Au feu rouge, une chanson de Grand Corps Malade (album Plan B, 2018) dont le personnage central est une réfugiée syrienne, Yana. A son propos, l’auteur-interprète confesse ce que nous pourrions tous confesser : « […] je lui dis non avec ma main et je redémarre bien vite / J’avais peut-être un peu de monnaie mais je suis pressé, faut qu’je bouge ». En entendant cette phrase, j’ai pensé aux images en provenance du pays de Yana qui passent et repassent sur nos divers écrans, qui nous accompagnent du matin au soir, du lundi au dimanche, de janvier à décembre depuis sept ans, ces images que nous voyons mais ne regardons plus.

Quelques jours seulement après avoir découvert la chanson de Grand Corps Malade, je suis allée assister, à l’Institut français de Munich, à une conférence intitulée : Daniel Contenay : La situation au Proche-Orient – réflexions d’un ancien ambassadeur.

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Pour les Français de Munich, Daniel Contenay n’est pas un inconnu – entre 1982 et 1986, il a occupé en effet dans la capitale bavaroise les fonctions de Consul général de France. Ce n’est pas à ce titre toutefois que l’ancien diplomate s’est exprimé dans le Salon bleu du Palais Seyssel d’Aix, mais en sa qualité d’ancien ambassadeur de Syrie (de 1989 à 1993). En préambule, il a indiqué qu’ayant quitté le Quai d’Orsay en 2002, il parlait en son nom propre, qu’il avait retrouvé sa liberté de parole. Et s’il n’a pas abusé de cette dernière, il a réussi, globalement, à nous épargner le langage par trop lisse de la diplomatie.

(Photo : Christine Barkhausen, Institut français de Munich)

Se proposant de nous rendre un peu moins inextricable l’écheveau syrien, Daniel Contenay a commencé par un aperçu historique. Et tout en précisant qu’il n’avait pas l’intention de remonter aux croisades, il n’en a pas moins rappelé à mots couverts que la guerre sainte n’était pas une invention contemporaine. En d’autres termes : « Dieu le veut », le cri de ralliement des croisés, et « Allahou Akbar », c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Cette parenthèse refermée, Daniel Contenay s’est longuement attardé sur les accords Sykes-Picot de 1916 qui furent ratifiés en 1920 et à l’occasion desquels la France et le Royaume-Uni se partagèrent le Proche-Orient et en particulier la Syrie. A cette évocation, une caricature qui illustrait un chapitre de l’un de mes livres d’histoire au lycée a surgi dans ma mémoire :

Caricature gillray plumpuddingIl suffit de remplacer le monde par le Proche-Orient, Napoléon par François Georges-Picot et William Pitt par Sir Mark Sykes pour obtenir une parfaite illustration de qui s’est passé en 1916. Lors de l’élaboration de tels traités, il est de notoriété publique que les réalités ethniques, religieuses, culturelles des territoires ainsi dépecés ne pèsent pas lourd dans la balance. Tant et si bien qu’on peut légitimement considérer avec Daniel Contenay que les accords Sykes-Picot sont en partie responsables de la situation qui est actuellement celle de la Syrie.

(Caricature : Plum-pudding in danger or State Epicures taking un Petit Souper, Gillray, 1805)

L’ancien diplomate est ensuite revenu sur ce que Le Monde appelle dans un excellent dossier consacré à la guerre de Syrie la chronologie du drame syrien.

Cinq millions de Syriens (l’équivalent de la population de la région PACA) ont fui leur patrie depuis le début de cette guerre qui dure depuis sept ans et dans laquelle 60 pays sont plus ou moins directement impliqués. Un triste bilan que l’on pourrait illustrer en modifiant à nouveau la caricature de Gillray : un petit souper réunissant 60 chefs d’Etat affamés et au menu… la Syrie.

« Les plus grands drames sont sous nos yeux, mais on est pressé faut qu’on bouge »

Faut qu’on s’bouge !{jcomments off}

Marie-Odile Buchschmid
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