Lu et apprécié
Les faits et gestes de son turbulent voisin d’outre-Rhin sont traditionnellement suivis par l’Allemagne d’un œil attentif, plus attentif encore cette année en raison des élections présidentielles. Suite aux rebondissements peu glorieux qui ont entaché la campagne électorale, cet intérêt a peu à peu fait place à l’inquiétude. Ce peuple, dont les dirigeants n’arrivent pas toujours à garder la tête sur les épaules, ne risquait-il pas d’emboîter le pas aux électeurs britanniques et américains et de faire à nouveau vaciller le monde occidental ? Il semblait qu’il y eût quelque chose de pourri au royaume (républicain) de France ce qui s’est traduit par la publication de part et d’autre du Rhin de nombreux ouvrages sur les possibles racines du mal français. La traductrice, journaliste, essayiste… d’origine polonaise, Olga Mannheimer, a opté pour une tout autre démarche et publié… une anthologie : Blau Weiß Rot – Frankreich erzählt* (dtv, 2017).
Forte des liens qu’elle a tissés avec l’Hexagone, au cours des années qu’elle a passées dans le pays avant de s’installer en Allemagne, et férue de littérature française, elle a composé ce que les médias allemands ont – à juste titre ! – qualifié de « pot-pourri réussi ». Il est vrai que lorsque l’on ambitionne de dresser un portrait aussi fidèle que possible de La France plurielle**, l’anthologie est vraisemblement le moyen le plus approprié d’atteindre son objectif.
Elle a réuni un ensemble de textes d’auteurs (Barthes, Houellebecq, Modiano, Laclos, Eribon, Bergson, Valéry, Bénabar, Cioran, Delerm, Delacourt, Renaud, Plantu, Cherfi…), d’époques (XVIIe-XXIe siècle), et de genres (caricature, roman, essai, chanson, poésie…) différents qu’elle a rehaussé de citations dont certaines, tout en n’étant pas des plus récentes, n’ont rien perdu de leur pertinence (ex. : « Sans le gouvernement, on ne rirait plus en France. », Chamfort).
Le résultat obtenu est aussi pluriel que son objet et donne – ce n’est pas son moindre mérite d’ailleurs – une vision de la France qui échappe aux sempiternels clichés. Quant au reproche traditionnellement fait aux anthologies de morceler les œuvres et de sciemment courir le risque de les trahir, les extraits étant présentés hors contexte, il ne résiste pas à la lecture desdits extraits si judicieusement choisis que l’on aimerait avoir le temps de (re)lire les livres dont ils sont issus.
* Bleu blanc rouge – la France [se] raconte
** en français dans le texte